En route vers la maturité professionnelle dès la troisième classe du secondaire

Perfectionnement de la 9^e année de scolarité

Le projet «BM SEK+» s’adresse à des jeunes ayant de très bons résultats scolaires et qui souhaitent effectuer une formation professionnelle initiale technique ou artisanale.

Dans la troisième et dernière année de l’école secondaire, les classes sont très hétérogènes, pas seulement sur le plan de la psychologie du développement. Le processus de choix d’un métier est une étape importante pour les jeunes dans le cadre de leur développement professionnel. Cette étape est également déterminante dans la réussite de leur entrée dans la vie active (Herzog et al., 2006). Les jeunes qui ont pris une décision relativement tôt sur leur avenir professionnel souhaitent se préparer le plus tôt possible à leur parcours professionnel, c’est-à-dire dès leur dernière année de scolarité. Dans ce contexte, début 2020, le Conseil cantonal de Lucerne a chargé le département de l’éducation et de la culture d’élaborer et de mettre en œuvre des offres visant à perfectionner la 9^e année de scolarité.

Les services Enseignement obligatoire et Formation professionnelle et formation continue du canton de Lucerne ont donc créé deux offres, à savoir le projet «BM SEK+» (MP SEC+) et l’offre «Wahlfach Praxisplatz» (Option Lieu de pratique). Les élèves en 3^e année du secondaire I peu motivés par les études peuvent, dans le cadre de l’offre «Wahlfach Praxisplatz», effectuer un stage en entreprise à raison d’une demi-journée par semaine. En revanche, le projet «BM SEK+» s’adresse à des jeunes ayant de très bons résultats scolaires et qui souhaitent effectuer une formation professionnelle initiale technique ou artisanale. Au lieu d’assister aux matières à option obligatoires de l’école secondaire, ils suivent chaque mercredi l’enseignement de maturité professionnelle au centre de formation professionnelle de la construction et de l’artisanat de Lucerne.

BM SEK+ : une offre d’encouragement pour les élèves performants

Avec le projet BM SEK+, le canton de Lucerne propose aux jeunes dans la 3^e année du secondaire I une offre d’encouragement qui les incite à garder un lien avec l’enseignement scolaire et qui leur permet d’avoir un aperçu du monde de la formation professionnelle. La première année de la maturité professionnelle étant effectuée avant l’entrée dans l’apprentissage, les phases intensives de l’apprentissage, en particulier les phases initiale et finale, sont rendues plus abordables.

Dans la filière de formation homologuée par le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) en tant que projet pilote (Art. 32c de l’ordonnance sur la maturité professionnelle), sont acceptés les élèves qui remplissent les exigences scolaires pour le passage au gymnase de courte durée, mais qui s’intéressent aussi à une formation professionnelle initiale technique ou artisanale. Il n’est pas nécessaire d’avoir un contrat d’apprentissage au moment de l’inscription. Toutefois, les élèves doivent présenter de grandes capacités à pouvoir apprendre de manière responsable et autonome. En effet, lorsqu’ils manquent des matières obligatoires à l’école secondaire le mercredi, ils doivent les rattraper en toute autonomie.

Lorsqu’ils font leur entrée dans le programme BM SEK+, les élèves manquent une année de scolarité dans le secondaire I. Le plan d’études du BM SEK+ a donc été adapté de sorte que les élèves répondent aux objectifs d’apprentissage du Lehrplan 21 lorsqu’ils terminent l’école secondaire et que les objectifs d’apprentissage de la maturité professionnelle puissent s’appuyer sur ces derniers et être atteints.

Un vif intérêt pour le projet BM SEK+

Pour les deux premières années, les inscriptions à ce projet ont dépassé les attentes : elles étaient de 28 en 2021 et de 36 en 2022.

Une évaluation des besoins effectuée en 2019 par le centre de formation professionnelle de la Haute école pédagogique de Lucerne auprès des différentes parties prenantes, à savoir les jeunes, leurs parents et tuteurs légaux, les enseignant·e·s et les directions d’école du secondaire I a déjà montré que l’offre BM SEK+ suscite un grand intérêt. Pour les deux premières années, les inscriptions à ce projet ont dépassé les attentes : elles étaient de 28 en 2021 et de 36 en 2022. Parmi les inscrits figuraient aussi des élèves résidant dans le canton d’Obwald. Pour l’année scolaire 2023/2024, 32 élèves se sont inscrits.

Les premières expériences sont prometteuses

Les premières classes qui ont été lancées en août 2021 ont été évaluées par le centre de formation professionnelle de la Haute école pédagogique de Lucerne afin de permettre des améliorations rapides (Fischer et al., 2023). La priorité a été mise sur la satisfaction des participant·e·s, l’efficacité des processus d’enseignement et d’apprentissage, la réussite des élèves à la formation et l’interface entre le degré secondaire I et le degré secondaire II. Pour l’évaluation, des enquêtes en ligne ont été effectuées auprès d’enseignant·e·s de l’école de maturité professionnelle (MP), d’enseignant·e·s du degré secondaire I, de tuteurs légaux, d’élèves et de responsables de formation dans l’entreprise. Des enseignant·e·s de la maturité professionnelle et du degré secondaire I sélectionnés ainsi que des élèves ont également été invités à s’exprimer sur leurs expériences dans des entretiens individuels et en groupe.

La majorité des participant·e·s est satisfaite

Dans l’ensemble, l’évaluation a montré que les élèves et les tuteurs légaux estimaient que la décision de participer à l’offre BM SEK+ a été la bonne. De plus, la majorité des enseignant·e·s de la maturité professionnelle et du degré secondaire I considère cette offre comme un enrichissement pour la formation professionnelle. La majorité des responsables de formation dans les entreprises partage ce point de vue, malgré le fait que les élèves, en raison du programme BM SEK+ – comme pour la maturité professionnelle régulière – passent moins de temps dans l’entreprise. Les entreprises apprécient le programme BM SEK+ notamment parce que les élèves peuvent se concentrer exclusivement sur la formation en entreprise, sur l’école professionnelle et sur la procédure de qualification lors de la dernière année d’apprentissage, ce qui n’est pas le cas avec la MP ordinaire.

Un potentiel d’optimisation concernant la coordination du contenu et de l’organisation

Certaines difficultés apparaissent concernant la coordination du contenu et de l’organisation entre la 9^e année de scolarité du degré secondaire I et la première année du programme BM SEK+.

Certaines difficultés apparaissent concernant la coordination du contenu et de l’organisation entre la 9^e année de scolarité du degré secondaire I et la première année du programme BM SEK+. D’après les personnes interrogées, la coordination des échéances pour les deux offres scolaires s’est parfois avérée difficile. De même, la coordination des contenus d’apprentissage dans les différentes matières pourrait être améliorée.

Par ailleurs, les élèves ont souligné le rythme plus élevé et le contenu exigeant de l’offre BM SEK+. Les enseignant·e·s de la MP sont d’avis que les élèves auraient eu besoin d’un meilleur soutien de la part du personnel enseignant, en particulier lors de l’entrée dans le programme BM SEK+. Malgré tout, dans leur majorité, les élèves interrogés se sont sentis suffisamment soutenus dans la planification de leur apprentissage, surtout par les enseignant·e·s de la MP.

Dans l’ensemble, les enseignant·e·s de la MP comme ceux du degré secondaire I souhaitent une collaboration plus étroite entre les responsables des deux offres scolaires. Cette collaboration doit en priorité être intensifiée au niveau des contenus d’apprentissage. Cela permet de créer une base prometteuse pour pouvoir aborder les défis cités, par exemple dans le cadre d’un groupe de projet.

Décrocheurs et décrocheuses

En Suisse, dans la filière de maturité professionnelle ordinaire en cours d’apprentissage, environ un jeune sur quatre ou sur cinq quitte la formation avant son terme. Bien souvent, ce ne sont pas les résultats insuffisants qui sont la cause du décrochage, mais la charge élevée (stress) (Trede et al., 2020). Les jeunes qui quittent la formation se concentrent sur l’obtention de leur CFC. Dans le cadre du programme BM SEK+, au cours des deux premières années, tout juste un tiers des élèves a quitté la formation avant son terme, généralement en raison de la double charge de travail. L’évaluation montre que la recherche d’une place d’apprentissage en parallèle est particulièrement importante dans ce cas. Dans des situations isolées, les départs à la fin de la première année du programme BM SEK+ sont liés au choix d’un autre métier ou d’une autre formation. Compte tenu de ces éléments et du positionnement du programme BM SEK+ comme offre de promotion dans la 3^e année du secondaire I, on peut s’attendre à ce que le taux de décrocheurs reste légèrement plus élevé. À moyen terme, il convient d’observer si les jeunes ayant quitté la formation avant son terme optent pour une filière de formation MP dans une autre spécialité ou pour un autre format (par exemple MP après l’apprentissage).

Des mesures ont été engagées pour perfectionner l’offre BM SEK+

Dans le cadre de l’évaluation, le centre de formation professionnelle de la Haute école pédagogique de Lucerne a formulé différentes recommandations d’action dont la faisabilité doit être vérifiée ou qui doivent désormais être mises en œuvre. Les mesures prioritaires concernent la mise en place d’échanges plus étroits entre les enseignant·e·s au-delà de la transition I et une révision de certains points du plan d’études de la première année du programme BM SEK+ pour créer un ralentissement au début de la filière de formation. Les mesures à mettre en œuvre devraient non seulement profiter au programme BM SEK+, mais aussi, de manière générale, à la maturité professionnelle en cours d’apprentissage.

Une innovation couronnée de succès

Compte tenu de l’intérêt manifesté par les jeunes et de la satisfaction élevée des parties prenantes vis-à-vis du programme BM SEK+, cette offre de formation innovante dans le canton de Lucerne peut être qualifiée de réussite.

Compte tenu de l’intérêt manifesté par les jeunes et de la satisfaction élevée des parties prenantes vis-à-vis du programme BM SEK+, cette offre de formation innovante dans le canton de Lucerne peut être qualifiée de réussite. Les conditions essentielles à ce succès ont été une collaboration étroite entre l’enseignement obligatoire et la formation professionnelle, l’implication des partenaires de la formation professionnelle, les études préliminaires effectuées (étude de faisabilité, recensement des besoins) et, dernier aspect et non des moindres, une très grande capacité d’innovation, notamment de la part du centre de formation professionnelle de la construction et de l’artisanat, à l’origine de la mise en œuvre de cette offre.

Bibliographie

• Fischer, S., Hofstetter, A. & Käslin, F. (2023). Evaluation BM SEK+ im Kanton Luzern. Summary. (04.07.2023).
• Trede, I., Hänni, M., Leumann, S., Neumann, J., Gehret, A., Schweri, J., & Kriesi, I. (2020). maturité professionnelle. Bildungsverläufe, Herausforderungen und Potenziale. OBS EHB Trendbericht 4. Zollikofen: Eidgenössisches Hochschulinstitut für Berufsbildung EHB. (04.07.2023).
• Walter, H., Neuenschwander, M.P., &Wannack, e. (2006). Berufswahlprozess. Wie sich Jugendliche auf ihren Beruf vorbereiten. Bern: Haupt.

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