Formation professionnelle dans la recherche et la pratique
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Le point de vue de Travail.Suisse

Quatre approches pour une formation professionnelle plus attrayante

Gabriel Fischer

La formation professionnelle perd du terrain par rapport à l’enseignement général. Mais cette évolution n’est pas sans raisons et elle peut être stoppée en prenant des mesures adaptées. Il faut ainsi mettre fin à la concurrence directe que représentent, pour les diplômes de formation professionnelle supérieure, les offres de formation continue (CAS, DAS, MAS) proposées dans les hautes écoles. À l’échelle de la formation professionnelle initiale également, des mesures simples sont possibles pour accroître l’attrait de cette dernière. Parmi elles : l’allongement des vacances des élèves, une meilleure formation des responsables en entreprise, ou de meilleures opportunités d’échanges et de mobilité.

La participation numérique de personnes handicapées à la formation professionnelle

La participation numérique ne va pas de soi

Gabriela Antener & Julia Bannwart Garibovic

Les technologies numériques ouvrent de nouvelles possibilités de participation aux personnes handicapées. Mais elles recèlent aussi des risques d’exclusion, par manque d’accessibilité par exemple. Ceci concerne également la formation professionnelle. Un projet de recherche a montré que les organismes éducatifs n’agissent toujours pas suffisamment pour l’inclusion des élèves souffrant d’un handicap. La raison principale : un manque de conscience des difficultés de participation et l’absence de stratégies pour venir à bout de ces difficultés. Bien souvent, ce sont aussi les moyens et instruments de mise en œuvre qui manquent. On note également une absence de responsabilités et consignes claires.

Étude de la HEFP sur la mobilité des apprenti-e-s en formation professionnelle initiale duale

Les frontières linguistiques limitent le choix des places d’apprentissage

Andreas Kuhn & Jürg Schweri

En Suisse, les frontières linguistiques limitent la mobilité des jeunes en formation professionnelle initiale duale. Une étude de la HEFP révèle que la probabilité pour les jeunes de faire la navette entre deux communes chute d’environ 75% lorsque cela implique de traverser une frontière linguistique. Cet effet négatif est comparable à celui engendré par une augmentation de 50% de la distance de déplacement pendulaire.

Évaluation des compétences transversales dans des écoles professionnelles

La promotion des compétences transversales incombe à l’école tout entière

Stephanie Appius & Amanda Nägeli

Compte tenu des dernières évolutions internationales et des nouveaux progrès technologiques, les compétences transversales telles que la pensée critique, la créativité, la capacité à communiquer et la capacité à coopérer gagnent en importance, en particulier dans le degré secondaire II où elles sont de plus en plus encouragées. En s’appuyant sur l’exemple des données d’évaluation d’une école professionnelle, le présent article va montrer où en sont les établissements scolaires concernant la promotion des compétences transversales chez les apprenants et apprenantes. Grâce au jeu de données étudié, il permettra en outre d’établir un rapprochement pour voir comment mettre en place des structures et conditions générales dans les établissements scolaires afin de soutenir les écoles et l’enseignement dans leur processus de développement et d’ancrer l’idée des compétences transversales dans les cours.

« Formation professionnelle 2040 – perspectives et visions » : Discussion entre deux experts

L’examen orienté vers les compétences opérationnelles dans la procédure de qualification : un objectif inatteignable ?

Daniel Schmuki & Jürg Schweri

Deux experts confirmés discutent des enjeux actuels en matière d’examens dans la formation professionnelle. Daniel Schmuki, didacticien, déconseille plutôt d’abandonner les examens écrits et recommande de les adapter pour qu’ils soient davantage orientés vers les compétences. Il préconise aussi une distinction plus stricte entre les phases d’apprentissage et d’évaluation. Jürg Schweri, économiste de l’éducation, s’interroge sur la nécessité d’attribuer des notes dans le cadre des cours interentreprises. Les CIE devraient être avant tout consacrés à l’apprentissage.

Étude à la Haute école pédagogique du Nord-Ouest de la Suisse

Comment les parents et les enseignants peuvent-ils motiver leurs enfants pour leur éducation ?

Quels facteurs rendent plausible, dès la cinquième année scolaire, le pronostic selon lequel les jeunes résilieront prématurément leur contrat d’apprentissage ou échoueront à la procédure de qualification ? Cette question est au centre d’une étude menée par Jan Hofmann, Markus P. Neuenschwander et Lukas Ramseier (tous de la FHNW). Conclusion de l’enquête : le style d’éducation des parents et la valeur de la formation en 5e année sont de la plus haute importance, car les deux motivent les enfants à faire des efforts et à terminer leur formation. L’éducation est encourageante lorsqu’elle est « responsive » : les parents passent alors du temps avec leurs enfants, leur offrent des espaces de liberté pour dire ce qui est important pour eux et les félicitent lorsqu’ils ont bien fait quelque chose.

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Enquêtes de la HEFP sur la transformation numérique dans l'enseignement secondaire supérieur

Quel est le degré de numérisation de l’enseignement – et quels profils d’enseignants se dessinent ?

Dans quelle mesure la « transformation numérique dans le degré secondaire II » progresse-t-elle ? Cette question est au centre du projet de recherche du même nom de la HEFP et de l’Université de Zurich. Il examine l’état de développement et les facteurs clés de ce processus. Deux articles ont récemment été publiés à ce sujet. Une étude confirme que l’intégration de la technologie est généralement élevée dans tous les types d’écoles. Elle prouve en outre que, parmi les facteurs liés à l’école, la clarté des objectifs de la numérisation est un prédicteur significatif des activités d’enseignement favorables à l’apprentissage et des trois facteurs personnels des enseignants pris en compte dans l’étude : les convictions positives, les compétences numériques et les compétences technologiques et pédagogiques. Une deuxième étude met en évidence trois profils d’utilisation des médias numériques par les enseignants. L’étude montre que la plupart des enseignants utilisent les technologies numériques principalement pour promouvoir des activités d’apprentissage passives et actives et que seule une minorité utilise également les médias numériques pour promouvoir des activités constructivistes.

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Pourquoi les écoles secondaires à orientation professionnelle ne reçoivent que peu d'attention politique

Dans l’ombre des « voies royales » que sont la formation professionnelle et le gymnase

Les écoles de culture générale et les écoles secondaires professionnelles ont un taux de transition élevé vers les hautes écoles ; elles sont en outre susceptibles d’attirer les jeunes femmes vers des filières d’études typiquement masculines et d’attirer des jeunes performants issus de l’immigration. Pourtant, ces « écoles secondaires à orientation professionnelle » ne reçoivent que peu d’attention politique. Les raisons de cette situation font l’objet d’une étude de Raffaella Esposito, réalisée dans le cadre du projet FNS GovTrans (Governance von Transitionen) à la PH FHNW. Esposito retrace comment, dans le cadre de la gouvernance du secondaire II, les acteurs stabilisent et reproduisent continuellement un concept et une attribution de valeur pour ce qu’ils considèrent comme la voie royale vers l’enseignement supérieur (par exemple via des formats cognitifs tels que des indicateurs statistiques, des graphiques, des déclarations d’intention en matière de politique de l’éducation, des sites web, etc.), – tout en positionnant les écoles secondaires à orientation professionnelle comme des voies de formation supplémentaires discrètes.

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« Formation professionnelle 2040 – perspectives et visions » : Un point de vue sociopolitique

Pourquoi les intérêts pour la formation professionnelle divergent-ils ?

Regula Julia Leemann

Le recul de la proportion de jeunes décidant de s’engager dans une formation professionnelle initiale est souvent perçu comme un problème. Mais pour véritablement comprendre ce phénomène, il est nécessaire de porter un regard lucide sur les raisons de ce recul ainsi que de brosser un portrait objectif des différents intérêts en présence. Tel est l’objectif du présent article, qui formulera également quelques propositions pour consolider le système d’apprentissage qui gagnerait à être mieux associé aux avantages offerts par les cursus scolaires et généraux.

Étude de Fabio Briante et Antje Barabasch (HEFP)

Les entreprises devraient tenir compte du besoin d’autonomie des apprenants

La satisfaction des besoins psychologiques fondamentaux des personnes en matière de lien, de compétence et d’autonomie joue également un rôle important dans la formation professionnelle initiale. C’est ce que confirme une étude de cas empirique et qualitativement exploratoire de la HEFP, en prenant l’exemple de la Poste Suisse. Elle montre que la satisfaction du besoin d’autonomie est particulièrement propice à un développement sain et réussi des jeunes adultes pendant leur apprentissage. La Poste Suisse y parvient : a) en permettant aux apprentis de faire des expériences d’initiative et de responsabilité ; b) en leur offrant des choix judicieux et la possibilité de participer à l’organisation des activités d’apprentissage ; c) en donnant aux apprentis la possibilité de s’exprimer.

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Formation en culture générale (CG) pour adultes

Un premier pas dans la formation professionnelle initiale

Alexandre Etienne & Rebecca Januth

En Suisse, 14% des personnes exerçant une activité lucrative ne possèdent pas de diplôme de formation post-obligatoire, même si elles disposent peut-être de qualifications professionnelles élevées. L’école professionnelle santé-social (ESSG) à Posieux propose une formation en culture générale aux personnes sans formation post-obligatoire. Cette formation est une première étape vers l’obtention d’un certificat de capacité ou d’une attestation. Elle est également proposée en langue allemande depuis un an.

Programme de promotion de la résilience pour les personnes suivant les formations ASSC et AM à l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ)

Comment les jeunes apprennent à gérer leur stress émotionnel

Franziska Tschirky Feratovic & Michaela Key

Il n’est pas facile d’accompagner des personnes gravement malades lorsqu’on a quinze ou seize ans. Les formations d’assistant médical (AM) et d’assistante en soins et santé communautaire (ASSC) requièrent une grande force psychologique et émotionnelle, et il est donc d’autant plus important de pouvoir compter sur des facteurs de protection permettant d’amoindrir le stress ressenti. C’est précisément le rôle joué par le programme de promotion de la résilience destiné aux jeunes en apprentissage à l’Hôpital universitaire de Zurich, récompensé il y a quelques mois par l’Enterprize 2024.

Etude du professeur Franz Eberle sur mandat de la Commission suisse de maturité

Réussite et abandon des études dans les hautes écoles

Seuls 60% environ des titulaires d’une maturité professionnelle entament des études dans une haute école spécialisée. Quelques-uns vont en outre dans une haute école pédagogique (examen d’entrée) ou dans une école supérieure. Les quelque 35% restants représentent un potentiel encore inexploité de spécialistes hautement qualifiés. C’est l’une des nombreuses constatations de l’étude « Studienerfolg und Studienabbruch an Hochschulen » de Franz Eberle (Publication allemande avec un résumé en français). Elle conclut globalement que les transitions vers l’enseignement supérieur fonctionnent bien. Elle cite néanmoins une série de tâches, comme le renforcement de la passerelle vers les universités ou les grandes différences cantonales en matière de taux de maturité.

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Étude d'Anna Keller et de Patric Raemy

Conflits de rôles des enseignants dans les écoles professionnelles

Avec la numérisation, le rôle traditionnel de l’enseignant (transmetteur de connaissances et arbitre) entre en crise. D’autres rôles passent au premier plan, par exemple le soutien des apprenants dans l’apprentissage autodirigé, comme le montrent des termes tels que coach, mentor ou accompagnateur d’apprentissage. Ceux-ci sont toutefois difficiles à mettre en œuvre dans la pratique, comme le montre une étude d’Anna Keller et de Patric Raemy (Université de Zurich et Fribourg). Ils ont examiné comment dix enseignants décrivent leur conception et leur action de leur rôle et quelles expériences ils en font. Il s’avère que les représentations que les enseignants se font d’un bon apprentissage et d’un bon enseignement sont déterminantes pour la conception et la mise en œuvre des rôles de coaching. Cependant, les enseignants font souvent l’expérience que les apprenants préfèrent les conceptions traditionnelles de l’enseignement et des rôles.

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Scénarios 2024-2033 pour le système de formation

Quelle évolution pour les titres de la formation professionnelle ?

Jacques Babel & Julie Mancini

Face à une reprise démographique marquée et à l’évolution des parcours des jeunes, l’Office fédéral de la statistique (OFS) anticipe une forte croissance des effectifs dans la formation professionnelle initiale. C’est ce qui ressort des derniers scénarios publiés le 25 octobre dernier. Entre 2024 et 2033, les inscriptions en Certificat fédéral de capacité (CFC) pourraient augmenter de 10% (AFP 19%). Les écoles secondaires générales devraient même augmenter de 18%, grâce à la perte d’attractivité de la formation professionnelle initiale. Ces dynamiques, portées par l’immigration et les mutations des besoins économiques, posent des défis majeurs pour l’adéquation entre l’offre de places d’apprentissage et la demande croissante des jeunes. Le secteur des technologies de l’information connaîtra la plus grande hausse (+32%).

Rapport de tendance OBS HEFP concernant la procédure de qualification

Quelle est l’importance des examens finaux écrits pour la réussite de la procédure de qualification ?

Jörg Neumann & Filippo Pusterla

Un nombre étonnamment élevé d’apprenti-e-s obtiennent des notes insuffisantes en connaissances professionnelles ou en culture générale à la fin de leur apprentissage, mais la grande majorité parvient à compenser grâce à d’autres notes. Lorsque les jeunes échouent à la procédure de qualification, c’est le plus souvent parce que leur travail pratique ne répond pas aux exigences, cette partie de l’examen étant généralement éliminatoire. Tel est le constat dressé par le dernier rapport de tendance OBS HEFP. Des changements comme l’abandon des examens écrits devraient être soigneusement réfléchis. Ils pourraient en effet avoir une influence à long terme sur la réussite de la procédure de qualification ainsi que sur le parcours professionnel et de formation.

« Formation professionnelle 2040 – perspectives et visions » : Le point de vue du SEFRI

Ensemble, œuvrons à l’essor de la formation professionnelle !

Rémy Hübschi

Parce qu’elle s’adapte sans cesse aux besoins d’un marché du travail et d’une société en pleine mutation, la formation professionnelle suisse va toujours de l’avant. Par des actions, des programmes et des initiatives, la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail veillent sans relâche à son essor, suivent attentivement son évolution et, si un changement de cap est nécessaire, prennent rapidement les mesures qui s’imposent.

Le chômage après la formation professionnelle initiale

Spécificité professionnelle élevée dans les formations professionnelles : avantages et inconvénients

Irene Kriesi & Miriam Hänni

La Suisse enregistre un taux de chômage chez les jeunes moins élevé qu’à l’international. Ce phénomène s’explique souvent par le fait que la majorité des jeunes effectue une formation professionnelle initiale qui facilite leur intégration sur le marché du travail et les protège contre le chômage. Néanmoins, une partie des jeunes professionnel-le-s est touchée par des périodes de chômage en début de carrière. Celles-ci augmentent le risque de subir des pertes de salaire au moment de (re)trouver du travail, ou une rétrogradation professionnelle. Les résultats d’un projet du Fonds national suisse (FNS) démontrent que ce risque varie entre des personnes issues de formations professionnelles initiales différentes, en fonction du nombre de compétences spécifiques à un métier ou générales qui ont été transmises.

Encadrement individuel spécialisé (EIS), hep Verlag

Un filet de sécurité suffisamment solide

Silke Fischer

L’encadrement individuel spécialisé (EIS) soutient les personnes engagées dans la formation professionnelle initiale qui sont confrontées à des problèmes d’ordre professionnel, scolaire ou social. L’EIS vise à favoriser leur insertion sur le marché du travail. Au cours des 20 dernières années, l’EIS est devenu un dispositif de soutien important, en particulier pour les personnes engagées dans la formation professionnelle initiale avec attestation fédérale de formation professionnelle (AFP). Les dispositions régissant la mise en œuvre de l’EIS varient selon chaque canton. Cependant, de manière générale, l’EIS prend en compte les besoins individuels des personnes en formation. Un nouvel ouvrage publié par la maison d’édition hep Verlag présente les facteurs de succès de l’EIS.

Étude de Rolf Becker, Université de Berne

Comment les origines façonnent les décisions rationnelles

Lorsque les jeunes choisissent de poursuivre leur formation à la fin de la scolarité obligatoire, ils le font de manière très rationnelle et orientée vers l’utilité. C’est ce qui ressort d’une étude de Rolf Becker basée sur un concept élargi de la théorie du choix rationnel. Il ressort des données de panel qu’ils classent les options de formation prises en compte en fonction de leur utilité et qu’ils choisissent en priorité l’option qui promet la plus grande utilité. Les jeunes se comportent de manière fidèle à leur origine : si l’on contrôle leurs résultats scolaires, les jeunes issus de la classe supérieure – contrairement aux enfants de la classe moyenne et de la classe ouvrière – optent pour une carrière scolaire.

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Renforcement des compétences de formation au sein des entreprises

SwissEduPro : un système de formation continue qui améliore la formation professionnelle

Thomas Rentsch

L’amélioration de la qualité de la formation au sein des entreprises fait partie des principales missions de la formation professionnelle à l’heure actuelle. De premières étapes importantes ont été atteintes avec la création du label « TOP entreprise formatrice ». À ce jour, plus de 400 entreprises présentes dans toutes les régions linguistiques possèdent cette certification. Des efforts supplémentaires sont toutefois nécessaires. Destiné aux associations professionnelles, aux entreprises et aux particuliers, le cycle d’enseignement SwissEduPro a été développé sur la base du projet « Renforcement des compétences de formation au sein des entreprises » faisant partie de l’initiative Formation professionnelle 2030. L’association responsable du projet SwissEduPro a été créée le 17 janvier 2025.